Journal du mercredi 25 avril 2001 (Monistrol-d’Allier) :
Départ sous une pluie soutenue et un ciel gris noir. En sortant du café où je prenais le petit déjeuner, je me suis joint à un couple de pèlerins de Nantes qui entamaient leur périple. Leur compagnie m’a aidé à affronter la météo du jour décidément ingrate et peu propice à une balade sur les chemins détrempés. Leur pas était trop lent à mon goût et je les ai finalement laissé au bout d’un kilomètre. Quelques larmes d’émotion sont encore venues me chatouiller le cœur mais une chansonnette à tue-tête dans la vaste étendue a eu raison de ce spleen passager. Le chemin était boueux, à la limite du praticable ; Il fallait parfois passer en bordure de champ pour éviter de patauger dans la bouillasse où l’on risquait de glisser à chaque pas. J’ai continué seul jusqu’à Monistrol-d’Allier et les derniers kilomètres de l’étape (trop longue !) ont été terribles. Une pente très raide (-340m de dénivelé) plongeant dans la vallée a fini de me casser les jambes. Sur le sentier qui surplombait le village, j’ai crains un moment avoir fait fausse route car je laissais Monistrol derrière moi. Le moral est alors tombé à zéro à l’idée de devoir refaire le chemin à l’envers sur un tel dénivelé. Heureusement il n’en était rien, mais je suis arrivé fourbu, sans une once d’énergie, marchant avec mes tendinites comme un zombie revenant de l’enfer. Journal du jeudi 26 avril 2001 (Monistrol-d’Allier) : Repos toute la journée dans un gîte panda plutôt agréable. J’ai emprunté une guitare chez les voisins et j’ai chanté une bonne partie de la journée. Faire vibrer son corps, cela fait du bien ! J’ai pensé très fort à mon étoile chérie, ma source d’énergie, mon amour : "Waiting on an angel..." Ben Harper à ma sauce.
Mes tendons d’Achille et mon genou continuent de me faire mal. Peut-être ne me suis-je pas assez préparé ? La crainte d’une "panne mécanique" qui remettrait tout en cause me hante depuis deux jours. Je dois faire attention et écouter mon corps davantage.
J’ai marché un moment avec Maurice, un instituteur à la retraite (député et conseiller général !) puis un peu plus tard, avec un groupe de 3 pèlerins, 2 hollandais et un espagnol nommé Pépé. Nous avons cheminé ensemble jusqu’à St-Privat-d’Allier où ils ont fait étape.
Demain je resterai ici pour me reposer et reprendre des forces.
Le soir d’autre pèlerins sont arrivés, Pascale une Lyonnaise, André un breton et Eugénie une vieille dame qui se dit numérologue. Une ambiance très douce s’est installée entre nous pour le dîner et la fin de journée.